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  • Photo du rédacteurFanny Froc

La nuit noire de l’âme

Dernière mise à jour : 2 janv.

« La nuit noire de l’âme » ou « la nuit obscure de l'âme » est une expression inventée par Jean de la Croix, il avait ainsi titré l’un de ses poèmes. Jean de la Croix était un prêtre catholique et poète espagnol du 16ème siècle. D'abord réservée au cadre religieux et à l’éveil des guides spirituels, cette expression « la nuit noire de l’âme » est entrée dans le langage courant au cours des siècles, et s’est progressivement étendue au domaine de l’évolution personnelle et donc à tous les humains en chemin vers leur réelle identité et le sens de leur vie, en un mot, vers leur éveil.




Pour celles et ceux qui me connaissent, vous savez que j’aime comprendre la Vie et l’Humain. Je ne me suis jamais arrêté à une seule science ou théorie. Ma force est cette curiosité à chercher dans tous les domaines des éléments de compréhension ; à la fois pour moi, et cela a toujours été, et à la fois pour mes clients.es que j’accompagne depuis plus de 10 ans maintenant.


Cette expression, « la nuit noire de l’âme », je l’ai intégrer dans mon langage depuis une année. Avant je n’y prêtais guère attention et je trouvais même ces termes un peu extravagants… Puis la vie m’a fait une surprise ! J’ai, il y a quelque mois traversé une nuit noire de l’âme. Quand j’ai plongé je me suis rappeler d’une discussion que j’avais eu quelques mois avant et je me suis souvenu des propos tenus par les amis et surtout, surtout, le fait qu’ils allaient bien désormais ; que ce moment a été un passage dans leur vie. Quand j’ai réalisé dans ma conscience que ce que je vivais était très certainement une nuit noire de l’âme, j’ai lâché prise, j’ai accepté de vivre cela. Et au fond de moi je sentais vraiment que c’était bon de plonger ainsi. Je sentais que c’était même nécessaire, inévitable. Et qu’au bout, quelque chose de bon, de mieux, de différent m’attendais. Je ne savais pas quoi. Mais peu importe. Et c’était mieux ainsi car si je tentais de me projeter, ne serait-ce qu’un minimum dans des mini-projections à venir, la souffrance dans laquelle, j’étais déjà, était décuplée.


Alors j’ai lâché, j’ai plongé, j’ai osé partir ainsi, me laissant embarqué dans le vide, un vide sans fond. Quand j’ai accepté cela, étrangement, la sensation a changé, je n’étais plus dans un vide avec sa chute interminable ; j’étais dans le vide, mais un vide dans lequel je flottais. Cette sensation est arrivée à partir du moment où j’ai complément accepté, mentalement, émotionnellement, énergétiquement et corporellement de me laisser tomber dans les bras de l’inconnu. Et si jamais mon mental, mon égo reprenait du pouvoir, de nouveau, la souffrance du vide, de la chute sans fin revenait brutalement. Impossible donc pour moi de faire autrement que de lâcher prise dans mon entièreté.


Cette traversée, je l’avais déjà vécu ; au moins deux ou trois fois dans ma vie, voir même plus. Mais les deux dernières fois étaient suffisamment proches, dans la temporalité, pour que je me souvienne de l’état émotionnel et corporel dans lesquels j’étais. C’était tellement intense et perturbant que je ne souhaitais plus revivre ces traversées comme cela. J’ai donc cessé de résister. Le mot est là, la clé est là : cesser de résister. Et faire confiance, faire confiance à ce qui vient, faire confiance à la vie.


Et comment faire confiance à la vie me direz-vous ?


En écoutant avec tous vos sens ce que je le répète souvent à mon entourage et mes clients.es : « la vie ne souhaite pas notre mort, la vie fait tout pour qu’elle perdure, qu’elle se prolonge à l’infini, la vie nous pousse à Vivre. »

A partir de là, on peut qu’avoir confiance !

Je sais que certains.es qui m’écoutent en ce moment ont un petit sourire sur leur visage, car oui, nous pouvons remplacer le terme de Vie, par Dieu, par Univers.



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Maintenant je vous propose d’aborder l’expérience de « la nuit noire de l’âme » de façon plus théorique, pour comprendre. Mon histoire est singulière. Mais en recoupant toutes les histoires, vos histoires, celles que vous m’avaient confiées en consultation, ou au détour d’une discussion intime et amicale, j’ai pu identifier le processus qui est à l’œuvre. Je vais donc vous définir les étapes, les unes après les autres.


Mais avant, notez bien que de connaitre la théorie ne vous enlèvera en rien l’intensité de la traversée, connaitre les étapes ne vous évitera pas de souffrir et de vivre tout le panel émotionnel de façon intense et perturbante. Oui, si vous vivez une nuit noire de l’âme, c’est inconfortable, c’est déroutant et on se sent complètement perdu. C’est ça la nuit noire de l’âme.


Mon objectif en vous décrivant le processus est simplement de vous permettre d’avoir une ligne de vie, comme dans les trekkings, ou en spéléologie ; on ne voit rien du chemin, on ne sait pas où l’on va, mais le fil est là, dans nos mains, on le suit. Il n’enlève pas les sensations de l’expérience extraordinaire et intense qui sera vécu, mais il est là et il te dit de continuer ; car s’il y a un fil, c’est que quelqu’un l’a posé avant toi et qu’il y a bien une fin, à cette traversée.


Tout d’abord, définissons la nuit noire de l’âme.

La nuit noire de l’âme est une période de vie qui se caractérise par une perte profonde d’identité et de sens de notre vie. Il y a un effondrement de nos croyances, de nos attachements, de tout ce qu’on prenait pour acquis en nous, pour nous, pour le monde. Il y a en fait un effondrement de toutes nos illusions. La nuit noire de l’âme est une réelle et profonde crise existentielle dans laquelle les lambeaux de notre égo et de tout ce qui fondait jusque-là notre soi-disant identité vont s’effondrer. Les masques tombent afin d’être (enfin) dans sa vraie nature et débarrasser de tout ce qui nous limitaient jusqu’à présent.

C’est une période difficile à traverser, de désolation complète, de déconnexion et vide intense. Vous allez vivre vos plus grandes peurs, vos blessures inconscientes vont refaire surface, cela va vous amener beaucoup d’angoisse. Et il n’est pas possible d’éviter cela. Il faut passer au travers.

Comme dans le processus du deuil, ou le processus d’intégration. Nous passons par chacune des étapes, et ce n’est pas nous qui le faisons avec la volonté, mais parce que nous traversons les 9 étapes, voir même 10 si on prend en compte la dimension spirituel (choc, déni, marchandage, colère, tristesse…etc)


La nuit noire de l’âme n’est pas une dépression. La dépression, elle, est une pathologique psychologique et chimique/biologique. Elle peut être guérit à l’aide de traitements naturels ou de synthèse selon les choix de la personne, sur une durée courte de 3 à 6 mois maximum, associés obligatoirement à des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et des pratiques de pleine conscience. La dépression se joue au niveau de la personnalité et les difficultés vécues sont focalisées sur la personne elle-même. La dépression est égocentrée.


La nuit noire de l’âme quant à elle touche l’existence de la personne dans sa globalité spirituelle et son lien au grand tout : qui suis-je ? que fais-je ici sur terre ? quelle est ma mission ? pourquoi l’humanité souffre ? qu’est-ce que l’amour, le vrai ? suis-je capable d’être amour ? à quoi je sers ? quel est le sens de la vie ?


La nuit noire de l’âme EST la déconstruction et l’abandon de l’égo. Elle survient à un moment opportun de votre vie. Autrement dit lorsqu’elle apparait, c’est parce que c’est le bon moment pour vous. Elle annonce un présage de changement complet. A la sortie vous ne serez plus la même, le même. Et bien que chaque expérience de la nuit noire de l’âme soit différente, le fil conducteur est qu’il s’agit d’un chemin d’initiation. Vous vous retrouvez dans le noir pour comprendre ce qu’est la Lumière. Vous êtes déconnecté afin de savoir ce qu’est la véritable connexion.


Alors, y-a-t-il des éléments déclencheurs repérables et communs aux humains ?


1. En général, j’ai pu observer et lire que l’élément déclencheur provient en premier lieu du monde extérieur, le monde de la forme, comme par exemple une perte d’emploi, un décès d’un être cher, un accident physique, une rupture sentimentale… Dans tous les cas, il y a une notion de perte qui est présente. L’intensité de la perte vécue est propre à chaque individu. Physiquement vous serez abattu, épuisé, sans énergie, vous pouvez même tomber malade, des douleurs peuvent apparaissent, le lien au corps est angoissant.

Rarement, j’ai pu constater que la nuit noire débute sans cause extérieure connue, du moins au départ ou en apparence. En effet, elle peut survenir chez certaines, certains sans déclencheur intense. Mais quand je regarde les histoires de plus près, il y a eu en général quelque temps avant un déclencheur extérieur et une crise qui a suivi mais qui a été « gérée ». Ou parfois même pas de crise du tout car la personne a toujours était habituée à contrôler, à ne pas plonger en cas de catastrophe. La personne et son entourage ne remarquent pas de déclencheur car rien ne semble s’être mal passé. Mais en réalité, il y a bien un déclencheur extérieur. Et c’est bien le but du processus de la nuit noire de l’âme : se désidentifier du monde de la forme, qui finalement n’est qu’illusion ; illusions de sécurité, de paix, d’amour…


2. Suite à un élément déclencheur externe, le corps va être envahit de sensations désagréables, douloureuses, dissocientes, vous pouvez avoir l’impression de mourir ou d’avoir envie de mourir, puis s’en suit un envahissement important dans toutes les autres sphères émotionnelle, intellectuelle, énergétique et spirituelle. Vous allez vous sentir confus, angoissé, effrayé et complètement fou. Mais je me répète, ce n’est pas le signe que quelque chose a mal tourné. Mais c’est que vous êtes prêt à vivre votre éveil, même si le passage pour y arriver ne vous fait pas du bien. L’envahissement dans toutes les sphères de votre être est un signe de force, de maturité spirituelle et de courage. La nuit noire peut sembler être le pire d’enfer sur terre, mais en réalité, c’est une bénédiction. Tout comme une grossesse qui mène à la naissance d’un enfant au bout de neuf mois, la nuit noire de l’âme prépare à la naissance d’un nouveau soi. L’accouchement d’une nouvelle version de soi-même prend du temps. Il faut passer par un long processus avant de pouvoir mettre au monde une nouvelle version de soi, plus mature, plus responsable, plus consciente de tout ce qui se joue à l’intérieur de nous et sur la planète.


A partir du moment où nous sommes assaillis, nous ne pouvons plus contrôler ce qu’il se passe, nous sommes obligés de lâcher prise, de toute façon plus rien ne répond :

· le corps est douloureux, à plat, comme vieillit d’un coup,

· une impression d’être perdu ou «condamné» à une vie de souffrance,

· il n’y a plus d’énergie,

· un profond sentiment de tristesse, d’impuissance et de désespoir,

· plus d’envie, une impossibilité à agir

· la volonté, la clarté mentale et la maîtrise de soi sont affaiblies.

· il peut y avoir un sentiment intense d’indignité,

· plus d’intérêt, ni aucune joie dans les choses qui vous plaisaient, vous excitaient

· un besoin intense de solitude et de rentrer en soi, de vous blottir dans une grotte coupée de tout.



3. Grâce à cela, grâce à cette chute, les barrières tombent : vous ne pouvez plus gérer comme d’habitude ! C’est le temps de la déconstruction. Tout s’effondre. A vous, vont s’imposer des souvenirs, des flash-back, aussi importants qu’infimes. Des détails de votre vie passée, des mots qu’on vous a dit, un jouet qui vous revient à l’esprit, des schémas dans les relations humaines qui vous apparaissent clairement comme dysfonctionnant, et des listes et des listes de vos épreuves de vie qui vous éclatent au visage comme une vague qui viendrait se fracassée contre une paroi rocheuse. Ça fait mal. Vous trouvez que vous avez une vie de merde, que vous vous êtes toujours mentis, et qu’en fait tout le monde ment et se ment.

Les illusions tombent, c’est bien bravo. Cette phase est surement la plus intense, et la plus longue. Et même si mes propos ici ne sont pas de vous mettre dans le faire et de vous offrir des recettes toutes faites. Je peux vous ouvrir des pistes. Le temps de la déconstruction équivaut à une grande vidange. Les vannes s’ouvrent et nous devons accompagner ce mouvement. Si on revient un instant à la physiologie, quand vous devez vider votre vessie, votre côlon ou vos glandes sudoripares, vous accompagnez ce mouvement ; c’est normal et instinctif. Personne ne garde pendant 70 ou 80 ans son urine, ses selles et sa sueur dans son corps (cela mènerait à la mort physique de toute façon)

Alors pendant votre traversée de la nuit noire de l’âme et cette étape de la déconstruction, faites chaque jour une action de vidange. Sur le sujet, je vous renvoie vers mes vidéo YT sur l’écriture spontanée, sur les méditations d’ancrage en lien avec le chakra sacré et l’axe vertical, vous pouvez aussi soutenir votre centre vital en enveloppant votre bassin tel que je l’explique dans la vidéo du même nom, et enfin vous pouvez écouter mon podcast – épisode 3 sur le triangle de karpman pour comprendre comment vous étiez en relation avec les autres et vous-même.

Durant cette période, l’enracinement dans votre corps et plus particulièrement dans votre bassin-racine est primordial. Pour cela trouver faites une chose ou deux faciles à mettre en place au quotidien, comme par exemple visualiser des racines qui partent de votre bassin jusque dans vos jambes, en étant confortablement allongé.e et au chaud dans votre lit. Ou diffuser une huile essentielle qui vous rappelle la forêt et ses grands arbres (le mélange Balance de chez DoTerra est parfait pour cela) Utilisez aussi les auto-soins énergétiques ou voyez si quelqu’un peut vous en faire, en présentiel ou à distance. Faites en sorte que les actions ne vous coûtent pas d’énergie.


Cette de la phase de la déconstruction pourrait elle-même être sous découper en trois étapes, que j’ai nommé le chaos, le tri et la répétition. Voyez ces trois étapes comme une spirale qui va se reproduire plusieurs fois, jusqu’à effacement complet de l’ensemble de vos croyances, limites, et même égo.


Le chaos est cette période où tout explose, où le ciel vous tombe sur la tête. Vous n’avez plus aucun repère. Votre monde a explosé et vous errez difficilement entre les gravats jonchés au sol. Cette phase-là est très anxiogène. Et ce qu’il va inévitablement se passait, c’est que votre égo, vos mécanismes de défense et toutes vos comportements habituels vont tenter de garder la barre. Mais c’est impossible. La nuit noire de l’âme va vous pousser à lâcher. Quitte à vous mettre en burn out ou à vous déclarer une maladie grave. Cet épisode est important pour cette phase du chaos. Si vous vivez cela actuellement ou que cela vous fais penser à un proche, dites-lui. Le chaos est une étape de la nuit noire de l’âme. Elle est le début de la lever des voiles de l’égo. Allez-y sans retenu. De toute façon tout est déjà par terre.


Le tri est ce moment un peu plus calme du chaos, le « moins pire », pourrais-je dire. Quand vous avez commencé à lâcher prise, à plonger dans le vide de votre existence, vous allez repérer à certains moments, ça va s’imposer à vous, comme cela, ça ne se décide pas ; donc vous allez repérer comme des thématiques de réminiscence, de souffrances, les grandes lignes de vos blessures. Cela ne ressemble en rien avec ce que vous avez déjà connu ou travaillé avec un.e thérapeute. Vous commencez à voir clair dans vos mécanismes de fonctionnement. Le tri ne se passe pas dans le mental. C’est plus loin, plus haut, plus dans la sensation. D’ailleurs il vous sera quasiment impossible de mettre en mots ses éléments de compréhension qui s’imposent à vous. Et c’est très bien comme cela. Si vous retourner dans le mental, l’égo viendra pour reprendre la barre.


La répétition est comparable à une machine qui va reproduire les mêmes gestes avec l’ensemble de vos illusions et masques qui précédemment vous définissez. Le chaos et le tri vont revenir au sein de l’étape de la répétition, et comme une grande usine de nettoyage automatisée, les choses vont se faire d’elle-même : le chaos avec ses multitudes de lambeaux qui jonchent votre être, le tri avec les grandes tendances de vos attitudes comportementales. Et ainsi de suite, dans tous les domaines de votre vie. La chose la plus importante à retenir est la suivante : vous êtes en train de perdre vos illusions. Rien de plus. Laissez-les partir. La phase de la répétition ne peut fonctionner que si et seulement si vous êtes dans un grand lâcher prise. Car rien ne se fait avec la volonté. C’est bien un processus interne, énergétique et spirituel qui s’impose à vous. La seule chose que vous pouvez faire, c’est d’être, être dans une posture qui permet la fluidité de ce mouvement. Exactement comme l’enfantement d’un bébé. Aucune femme depuis que l’humanité est humanité, n’enfante un enfant grâce à sa volonté, son mental et en suivant d’un protocole standardisé. La femme qui donne naissance se fait canal. C’est tout. Et si dans ce processus quelque chose vient déranger le déroulement tout se bloque. Il faudra ensuite, et malheureusement, devenir interventionniste et cela engendrera des conséquences lourdes pour toujours, allant par exemple de l’épisiotomie, à la ventouse, à l’hémorragie interne, à l’impossibilité de mettre en place l’allaitement, et peut être même de mettre en péril le couple. On voit bien là que si nous ne sommes pas canal pour laisser faire le mouvement de la vie, on impacte la vie elle-même… C’est la même chose dans la nuit noire de l’âme. Nous nous enfantons nous-même. Soyons notre canal.


La chose essentielle à retenir au sujet de la nuit noire, c’est que c’est un chemin initiatique qui ne consiste pas à se sentir bien. Ce n’est pas une retraite bien-être ! Ce qui est demandé dans ce processus, c’est davantage faire appel à notre intégralité et notre capacité à être présent avec tout ce qui se passe durant cette période, que ce soit bon ou mauvais, agréable ou désagréable. Je vous le dis clairement, vous traversez une période de deuil. Avec la déconstruction, une partie de vous vient de mourir. Il s’agit de votre petit moi et vous êtes endeuillé.e. Mais, cette mort va vous permettre de renaître avec autre chose en vous, quelque chose de plus, d’infini.


Durant cette période, il est important de s’écouter et de vous faire accompagner, soit par un.e professionnel.le, soit par un.e proche. Dans tous les cas, la personne choisis devra elle-même avoir vécu une ou des nuits noires de l’âme. Il faut savoir qu’elle ne fera pas la traversée pour vous ni avec vous, mais elle sera là pour écouter, pour être présente, quand vous en faites la demande, et comme j’aime le dire dans mes accompagnements à la naissance, elle sera à l’image de l’ancre au fond de l’océan et de la solide chaine qui garde le bateau d’un chavirement au cours d’une tempête.

Après cette longue et puissante phase de déconstruction et au bout de l’usine de nettoyage vient la 4ème étape : la reconstruction.


4. Reconstruction

La reconstruction, au même titre que la déconstruction ne se fait (toujours pas !) avec la volonté. Le lâcher prise et l’abandon sont toujours de mise. Au cours de cette phase, il y a généralement une prise de conscience de ce qui vient de se dérouler. Tout n’est pas encore mentalement claire, et c’est parfait comme cela. Mais souvent les personnes arrivent mieux à exprimer ce qui s’est passé et se passe pour elles. La souffrance est moins intense, ou en tout cas, moins chaotique. Mais l’état de bien-être est encore loin d’être là. Durant cette étape, nous pouvons commencer à entrevoir différemment notre passé, nos épreuves de vie. Il peut être très positif à ce moment d’engager une thérapie en EMDR transpersonnelle, si elle n’avait pas été débutée avant. A ce moment, nous savons que nous ne pouvons plus continuer à vivre de la façon d’où nous vivions précédemment. L’acceptation va commencer à pointer le bout de son nez. En effet, il n’y a pas de croissance, pas d’éveil dans la vie, sans d’abord voir et reconnaître notre déception. Reconnaître notre déception signifie prendre conscience du sentiment profondément ancré « d’inachèvement» que nous portons tous. Nous prenons conscience qu’il manque quelque d’essentiel dans nos vie. Mais cet essentiel n’est pas bien définissable à cette phase. Le risque s’est en plus de retomber dans son mental pour chercher une solution, pour s’en sortir et surtout éviter de revivre la phase très déstabilisante de la déconstruction.


La reconstruction est pour moi, et selon mes recherches empiriques ce passage où la compréhension de Vivant se fait dans le corps, et non plus dans le mental, dans l’intellectuel. Cette phase est plus moins longue, et n’empêche en rien le fait de retourner dans l’étape de déconstruction. Le mouvement peut vraiment osciller entre déconstruction et reconstruction.


Et même chose, nous pourrions envisager des sous étapes dans la reconstruction, au nombre de deux. La première est la confiance en soi, pas la confiance en soi dont tout le monde parle dans les médias ou articles de développement personnel. Mais une confiance beaucoup plus subtile, beaucoup plus profonde. Comme une nouvelle graine plantée en vous qui vient vous dire « bravo pour ce que tu viens de traverser, tu y es arrivé.e seul.e » Cela n’a rien à voir avec l’égo confiant qui voudrait monter sur scène pour acclamer sa victoire. Cette confiance-là, est très douce, très discrète. Elle est celle qui va amorcer la sensation de complétude interne.


La deuxième étape de la reconstruction est ce que j’appelle la « seulitude ». Pas la solitude souvent trop/très synonyme de subir, négatif, la solitude est souvent associée à l’isolement. D’ailleurs, l’histoire étymologique du mot « solitude », vient du latin solus synonyme de « désert », et montre qu’il ne s’appliquait au départ qu’aux lieux, puis à l’état d’un homme objectif : il est géographiquement « seul » et actuellement, plus à l’état d’un homme subjectif : il se sent « seul ». Arrêtons-nous un instant sur « solus », désert. Qu’y-a-t-il dans le désert ? Rien, pas de vie, où une vie de combat, une vie limitée, rude. C’est bien en ce sens que la « solitude » est vécue par les êtres humains. En jouant sur les mots, j’aime ouvrir à d’autres horizons. Et inviter à plus de douceur en soi. Dans le concept de la seulitude, il y a l’idée d’accueillir le fait d’être seul.e en soit, seul.e à faire ses expériences de vie, et seul.e à accomplir sa vie. Cet état d’être seul.e n’est plus subit, mais conscient, accueillis et vécu comme étant un principe de base nécessaire pour vivre selon sa véritable nature. Tout doucement vont se reconstruire en soi les choses, non plus, sous l’angle d’une dépendance ou d’un lien affectif à l’autre mais avec la vision qu’en habitant son être seul et entier, la complétude peut se faire sentir.


5. La maturation

Et c’est ce qui doucement nous amène vers la phase de la maturation. Ici la souffrance n’est plus prédominante. C’est une phase de convalescence. L’épuisement énergétique et physique peut être toujours présent, mais va s’estomper petit à petit. Les choses s’assimilent en douceur. Toujours grâce au lâcher prise. C’est le chemin qui se fait ainsi. Alors que la déconstruction peut être intense, brève, de quelques jours à quelques semaines, puis faire des allers-retours avec la phase de la reconstruction qui peut, elle, s’étirer sur des mois ; la maturation se prolonge sur des années ; son entrée se fait souvent par un flash. Paf, on sait que rien ne sera plus comme avant. Quelque chose en nous a durablement changé, et nous sommes traversé par autre chose.


A l’avance, personne ne sait combien de temps va durer la nuit noire, ni s’il y en aura plusieurs dans votre vie. Ce processus est complètement individuel et très dépendant à la fois de votre histoire, de votre capacité à accueillir chaque jour ce qui se déroule et à la fois avec les évènements ou rencontres qui peuvent agir, sans le savoir, sur la traversée de votre nuit noire.


Pour moi, la plus grosse nuit noire traversée il y a quelques années n’avait rien à voir avec celle traversée il y a quelques mois. La différence justement était cette capacité à lâcher complétement car j’avais un mot sur ce que je vivais « c’était une nuit noire de l’âme », et je savais que ce n’était qu’un passage, qu’au bout, les choses seraient différentes, que j’allais ÊTRE.


La phase de la maturation est plus un état dans lequel on se sent après la nuit noire, qu’un tunnel à franchir. Elle est la renaissance. Elle est, je pense, cette phase qui à présent durera tout le reste de notre vie…


Reprenons brièvement les étapes. A la sortie du chaos nocturne, la sensation de complétude depuis les profondeurs du corps va émerger. La véritable confiance en soi et la seulitude sont les premières graines de la complétude, ce sentiment de plein qui vient de soi, de son être et qui n’est pas matériel. Avec elle, la vraie sécurité et la paix vont naitre. Ensemble, elles vous permettent d’être au monde différent, de voir le passé autrement, d’entrevoir le futur avec confiance et de vivre le présent sans plus d’effort, aucun. Tout ce que je vous dis là n’est pas un objectif que vous devez chercher à atteindre. Les mots que je pose sont relativement réducteur comparé à l’amplitude de l’expérience intérieure qu’il se vit dans une nuit noire de l’âme. Et puis, il y a fort à parier que vous écoutez mes mots avec vos filtres, vos voiles, ce n’est pas volontaire, nous le savons ; mais c’est ainsi. Si vous avez déjà traversé une nuit noire de l’âme, je sais que vous comprenez au-delà des mots. Dans tous les cas, ce qui est important à retenir c’est que la traversée a bien une fin. Je l’ai vécu, nous sommes beaucoup à l’avoir vécu, et de plus en plus à le vivre. C’est cela l’éveil de la conscience et pour toute l’humanité.


La phase de la maturation nous place dans quelque chose qui devient évident, le manque n’est plus. Cette chose essentielle qui semblait nous manquer dans nos vies, ce sentiment profond d’inachèvement dont je vous ai parlé juste avant n’existe plus dans la maturation. J’aurais très bien pu nommer la dernière phase de la nuit noire « l’achèvement », parce que c’est bien ce qu’il se produit. Comme la naissance du papillon après les dures étapes de la chenille et la chrysalide. Après le papillon, il n’y a pas d’autres étapes. Cependant le terme « d’achèvement » résonne trop avec quelque chose de fini, d’abouti. On arrive quelque part et on ne bouge plus. Et bien non, c’est tout le contraire dans cette dernière phase, d’où le choix du concept de « maturation », qui va durer encore et encore, jusqu’à la fin de nos jours. Cette phase est en mouvement et le mouvement, c’est la vie.


Prenons une dernière image, si notre vie à chacun.e est une œuvre d’art, et la vie l’artiste avec qui nous collaborons en tant que corps, que matière ; et bien cette œuvre d’art ne verra son achèvement qu’au moment de notre dernier souffle. Avant l’artiste va sculpter, tailler, faire évoluer les formes, les couleurs, la lumière. Prenez la nuit noire de l’âme comme un choix radical de l’artiste, qui après avoir fait fausse route dans certains de ses choix de matériaux, dans les conditions de travail de son atelier mal appropriées, va enfin trouver les bons, le matériel avec lequel tous les autres s’accorde, la condition et l’outil de travail satisfaisants, pour œuvrer dans la maturation de œuvre d’art.


Mais qu’est ce qui empêchait alors l’artiste, la matière, l’outil, la condition de travail, d’être justement harmonisés pour l’achèvement de notre œuvre d’art ?

Cette chose essentielle, c’est le véritable Amour, l’Amour infini, pas celui qu’on possède, qu’on pense avec la tête, mais bien celui qui circule en nous, pour nous et autour de nous, celui qui se vit, celui qui EST vie.


Avec la confiance, la seulitude, la complétude, la sécurité vraie et la paix intérieure, l’Amour infini peut à présent nous traverser. Avant cela les voiles de conscience, les croyances limitantes, les mécanismes de défense, le brouhaha mental que l’on pensait être soi, entravaient la circulation de l’Amour infini en nous, comme des barrages ou des écluses closes. Pour comprendre l’Amour infini, je vais reprendre le symbolisme de Denis Marquet, auteur, philosophe et thérapeute, dans son livre « Oser tout désirer » ; dans lequel il le présente comme étant à la fois le robinet ouvert et l’eau qui coule à l’infini. A ce moment, nous ne cherchons plus à posséder, à garder au cas où la source deviendrait à tarir. Nous savons, maintenant, que cette source ne se tarit jamais ; nous l’avons rencontré durant notre nuit noire de l’âme. C’est elle qui nous a soutenu alors que nous pensions tomber dans un trou sans fin, c’est elle qui nous a permis de flotter lorsque l’on s’est dit « oui, j’accepte, je lâche ».


La nuit noire de l’âme n’est pas à confondre avec les crises existentielles. De par mes recherches et expériences, il semblerait que nous ayons qu’une seule véritable nuit noire de l’âme dans notre vie, et ce contrairement à ce qu’on peut parfois lire ou entendre. Par contre nous pouvons vivre plusieurs crises existentielles au cours d’une vie, ce sont elles qui préparent l’arrivée de la nuit noire de l’âme. La grande différence se passe dans la phase de maturation. La nuit noire de l’âme nous permet de contacter le divin, l’Amour infini. Pas les crises existentielles, qui au bout ne nous ont pas permis de nous détacher de l’égo, simplement de préparer le terrain de la nuit noire de l’âme.

Je tiens à insister sur ce point. L’égo est rusé, et aujourd’hui le spirituel est largement démocratisé. On parle donc aisément dans notre société de développement personnel. C’est même un business lucratif. J’ai pu observer assez fréquemment que la nuit noire de l’âme est parfois confondue avec les crises existentielles. S’en suis un comportement de la personne qui fait cet amalgame, une forme de supériorité ; elle estime savoir, avoir tout compris, car ELLE a traversé une nuit noire. Mais encore une fois, au cours de ce voyage dans les ombres vous rencontrerez un fidèle ennemi : l’égo est rusé. Les jeux et les désirs de l’ego doivent être d’abord épuisés avant que d’entrouvrir de nouvelles portes ou d’explorer de nouveaux chemins. Et la chose la plus difficile à abandonner est l’idée d’accomplissement de soi, en particulier ce que l’on nomme l’éveil ou l’illumination. Alors que la conscience de l’humanité semble être en chemin, l’égo spirituel fait sa grande apparition chez beaucoup de personne… Une des ruses favorite de l’égo est de se faire passer pour notre petite voix intérieure. C’est tellement facile dans une civilisation très dans le mental et coupée de son corps. Celles et ceux qui ont développé l’habitude de vivre au niveau de la tête, en bloquant les émotions et ressentis corporels auront tout intérêt redoubler d’attention et à re-créer les circuits de connexion et d’écoute des états de corps et états émotionnels. Car en effet, il est aisé pour l’ego de s’infiltrer dans les pensées, en nous faisant croire que nous avons surmonté la nuit noire de l’âme et que nous sommes à présent guéris. Or, ce phénomène de nuit noire ne peut qu’être vécu que totalement. L’âme ne supportera pas d’être entendue ″à moitié″. Les foudres karmiques continueront de s’abattre, jusqu’à temps que l’Être soit révélé dans son entièreté. Pour cela, nous devons nous élever au-delà de notre vision habituelle. Nous devons abandonner toutes nos habitudes. Nous devons contempler la part de nous qui est informe, immuable et éternelle. Nous devons se laisser traverser par la vie. La véritable vie.


Ainsi habité.e, traversé, par l’Amour infini, la Vie, nous nous sentons pleinement à notre place, plus besoin de chercher à l’extérieur une inspiration à modéliser, plus besoin de réfléchir à qui nous sommes ou de constituer des mind-map ou griffonner des ikigaï sur tous nos carnets de notes, pour trouver sa place, puisqu’en en nous, nous savons, nous avons tout. La reconnexion est faite. La reconnexion à la vie, la reconnexion au divin. Au cours de la nuit noire de l’âme, nous avons (re)trouvé cet espace divin, ou plutôt nous avons été guidé à (re)trouver en nous. Maintenant il n’y a plus qu’à le laisser rayonner dans le monde de la matière.


Sachez que quoiqu’il arrive au cours de votre nuit noire l’âme, que quelque soit sa durée, les répétitions d’étapes, lorsque vous effleurez du doigt cette partie de vous, en vous, ce divin, et même si ce n’est que pour un court moment, vous pourrez envisager une sortie du chaos, recommencez à respirer, avoir confiance dans le processus à l’œuvre, et lâcher encore plus, pour traverser jusqu’au bout.


Dans ce nouvel état d’être, dans cette nouvelle peau, il est désormais aisé, même évident devrais-je dire, de réaliser sa mission de vie, ce pour quoi vous vous êtes incarné sur Terre. D’ailleurs il n’y a plus à réaliser quelque chose, ça fait car ça doit ÊTRE FAIT. (Notez l’union du faire avec l’être !)


Tout devient, tout est fluide. La vie, quoi. Mais attention, cela ne veut pas dire que tout vous sera facile, que vous avez atteint l’eldorado, que tout vous sera dû et qu’il n’y aura plus d’effort à faire ! La vie dans la matière ce n’est pas cela. L’accomplissement spirituel, l’illumination comme elle est parfois nommée, n’est pas une destination inscrite sur les catalogues de voyage. Ce qui change c’est votre état d’ÊTRE au monde, avec vous-même, en vous-même, avec les autres et le Vivant. Nous ne sommes à ce moment, plus en lutte, ni en recherche de quelque. Nous sommes. Nous sommes en vie, intégrer dans les cycles de la vie, avec tout ce qui vit autour de nous.

Avec la nuit noire de l’âme nous (re)trouvons notre véritable nature.


Pour terminer ce long épisode, je tiens tout d’abord à vous remercier de votre écoute, celle qui s’est fait au-delà de l’entendement intellectuel. Ensuite, retenez que la nuit noire de l’âme, n’est ni une dépression, ni la folie qui s’installe, mais qu’elle est une étape qui fait partie de la vie, au même titre que la chrysalide pour le papillon. Il n’y a ni recette pour l’éviter, ni protocole pour la traverser, ni mécanisme à trouver pour la provoquer. Elle s’en vient quand c’est le moment. Et la seule chose que vous devez faire, c’est ne rien faire, c’est lâcher afin de plonger, de tomber tout au bout. Tout au bout. Allez au bout. Soyez loin des pensées qui s’imposent à vous. Restez ancré dans votre corps. Le processus est à l’œuvre.


Quant aux aides qui peuvent vous envelopper durant la nuit noire de l’âme, elles doivent d’abord vous permettre de vidanger, de vider votre mental, vos pensées, vos regrets, vos tensions psychiques et corporelles. Des feuilles, un crayon, une bonne oreille, une forêt pour crier, un espace de danse pour lâcher ; c’est parfait. Mettez dans la confidence, une ou deux personnes, qui ont connu elles aussi cette traversée. Elles savent, elles, qu’elles ne sont pas vos sauveurs, leurs postures seront d’autant plus juste. Au sujet du sauvetage, d’ailleurs, je vous renvoie vers l’épisode 3 « le triangle de Karpman dans la vraie vie »


Et pour la durée, le temps n’existe pas pour une nuit noire de l’âme. Des jours, des semaines, de années. Lâchez. Traversez. Vous viendrez me raconter.


A bientôt les belles âmes.


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